Concevoir ex-nihilo, cela peut-être sympa, ou pas, tout dépend du cas de figure… cet article propose une approche simple et pragmatique pour donner un cadre au travail de conception, quand il n’y a rien à se mettre sous la dent en matière d’information ou de documentation, ou tout simplement quand cette même documentation apparaîtrait insuffisante, indigeste, inappropriée, etc.. Comment contextualiser le projet pour concevoir ?
Nous avons déjà longuement parlé des bénéfices du mind-map : pour initialiser la conception d’interface d’un support, quoi de mieux qu’un bon mind-map pour se forger les idées et faire le tour de la question… ?
Poser le contexte avant de débuter la conception, cela paraît logique n’est-ce pas ?
Qu’il s’agisse de réaliser des esquisses sur papier ou des prototypes fonctionnels avancés, il peut être utile voire crucial de disposer d’une vision globale des enjeux du projet… avant de commencer à storyboarder, non ? Evident…
D’une certaine façon, c’est un peu comme au tir à l’arc, l’orientation de la flèche, le positionnement du corps… se fait par rapport à la cible. On ne peut viser le centre de la cible qu’à condition d’en avoir une. Pas de cible, pas de flèche dans le centre, pas de contexte, pas de travail de conception cadré et orienté. Pas de bras, pas de chocolat quoi…
Pour autant, de nombreux projets digitaux se caractérisent par une absence totale de marqueurs permettant d’identifier et de repositionner le contexte du projet. Cela se vérifie dans tous les types de projets, quels que soit le support, l’ambition, la dimension. A l’inverse, l’excès de documentation (parfois contradictoire) peut provoquer les mêmes effets.
En principe, c’est le brief ou l’expression des besoins (concise) qui permettent de poser clairement les enjeux, le contexte, les tenants et les aboutissants du support à concevoir.
Oui mais voilà.
Un brief, c’est super, mais aussi bien ficelé puisse-t-il être, il ne reste pas forcément évident à transposer en interface (c’est certes l’outil de prédilection pour favoriser le processus créatif et il est utilisé dans toutes les sphères communicationnelles, mais au final les questions complexes se posent au moment de la transposition…). Même constat pour les expressions des besoins, souvent plus denses. Et que dire des cahiers des charges…
Au fond, la question qui se pose est la suivante : quel point de départ synthétique (que l’on dispose d’informations ou non) pour commencer à travailler sur la conception de l’interface ? Nous parlons de choses très pragmatiques mais pourtant si complexes à établir comme :
- quels sont les discours ainsi que les messages prioritaires à ventiler dans l’interface ?
- quels sont les parcours prioritaires à valoriser ?
- que doit traduire la segmentation pour être en phase avec le positionnement ?
Définir clairement les objectifs de priorisation et de hiérarchisation (parcours, messages, actions, thématiques), par ordre d’importance, est une approche permettant une considérable clarification des enjeux de conception. Remplir un feuillet comme illustré ci-dessus peut s’avérer difficile, la hiérarchisation globale pouvant s’apparenter à des réflexions d’ordre stratégique… En tous les cas cette « étape » permet de considérer la conception de l’interface au-delà des simples enjeux de façonnage…
Lorsque l’on conçoit une interface, l’organisation et la ventilation des éléments à l’écran suit une sorte de processus assez complexe, un cheminement progressif de destruction-création… qui généralement finit par se structurer de façon homogène et cohérente.
Pour favoriser ce processus réflexif, synthèse des technologies et des éléments d’interface appropriés à la transposition des exigences de l’annonceur et des attentes présupposées des usagers, il est tout à fait approprié d’amorcer le travail de conception par une sorte de « planche tendance » ou « concept board », dont l’objectif est justement de clarifier les éléments qui émergent et se distinguent des autres, parmi la foultitude des informations qui cheminent dans notre cerveau… Exemple :
Le concept board est vraiment très utile lorsque le secteur d’activité nous est inconnu ou le sujet par trop technique… Le concepteur peut par exemple être amené à concevoir l’interface d’un portail sur les énergies renouvelables tout en étant profane sur la question, de même, s’il s’agit de réaliser le site business d’un acteur du secteur de la pétrochimie dont on ne connait pas vraiment les tenants et les aboutissants, pour y avoir été peu confronté en tant que consommateur /citoyen…
Ce concept board peut prendre la forme d’un mind-map, d’une cartographie visuelle, ou par extension toute forme permettant de saisir en un coup d’oeil les grands enjeux impliqués…
A partir de là, gageant que les idées se soient progressivement structurées par ce travail de formalisation, on se sent plus armé et fin prêt à entamer le défis de la conception d’interface. Cette technique donne des résultats assez satisfaisant et se traduit souvent par des interfaces de qualité.
Excellent article sur la problématique au combien méconnue de la contextualisation projet, étape pourtant fondamentale de l’ergonomie Web.