Et si on reparlait d’ia ?

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et si on reparlait d'IA ?
Résumé

Et si on reprenait la plume pour parler un petit peu d’IA ? D’architecture de l’information ? D’écosystème digital ? Hein, ça changera un peu des réflexions ésotériques sur les désagréments administratifs… Aujourd’hui je vous (re)parle un peu d’IA et des implications de l’analyse d’un écosystème digital.

On parle de quoi ?

Je concède, on s’égare un peu ces derniers temps et on ne parle plus de l’essentiel. La technique. Les méthodes. L’architecture de l’information. Alors qu’au fond c’est bien ça le coeur de l’actualité mondiale et internationale.

A l’occasion d’un projet sympathique, j’ai à nouveau été confronté aux difficultés d’analyse d’un écosystème digital.
Point de départ de la réflexion, une association nationale qui souhaite moderniser son dispositif internet. Cette association, c’est l’APF, c’est à dire l’Association des Paralysés de France. Un beau projet, pour une association qui se fait porte parole des personnes paralysées. Oui mais voilà, le site en question, en 2016, ben il est pas accessible (!). Pour un paradoxe… C’est un peu comme si le bâtiment qui devait accueillir le siège de l’association porte parole des paralysés n’était pas accessible en fauteuil roulant :/. Mais bon, soyons positif, tout cela va être amélioré.

Bref, le dispositif est un portail éditorial un peu vieillissant, mais très riche, avec des milliers d’articles… Ce qu’on appelle classiquement chez iafactory « un site de taille critique », autrement dit, un site pas adapté à une lecture humaine. L’appel à projet porte sur la refonte de ce dispositif et de ses ramifications fort nombreuses.

Exemple de la chose dont on parle en mai 2016…

existant apf.asso.fr

Mince alors

A première vue, cela n’a pas l’air bien méchant.
Mais une fois que vous commencez à y regarder de plus près… ça se complique.
Et oui, au final, j’ai comptabilisé plus de 100 000 pages, et une galaxie de 125 sites…
C’est beaucoup (trop) (pour un humain) !

Alors, comment s’y prendre pour approcher un tel écosystème ?

approche - association des paralysés de france

Bon, pour commencer, vous devez absolument faire le point sur le site pivot, sur l’étoile principale de la galaxie, étoile autour de laquelle tourne tout le reste des petits satellites. C’est le site pivot. Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants du fonctionnement du site pivot, des thématiques couvertes, et plus globalement pour réussir à vous faire une idée de sa structure et de son organisation, vous devrez vraisemblablement vous isoler dans un bunker, armé d’un stylo, pour procéder à la cartographie de l’ensemble…

mapping des contenus - association des paralysés de france

Notre chance chez iafactory, c’est qu’on a un bunker. Donc pour nous c’est facile de nous isoler quelques jours pour « mapper un dispositif digital ».
Vous noterez que le mapping ci-dessus est relativement simple par rapport à d’autres mind-map

Pourquoi est-il « simple », ce mind-map ?
Parce qu’au fil des pages, nous avons vite compris que ce gloubiboulga était très très dense.
Inutile de noter toutes les ramifications, on souhaite accéder à une vision d’ensemble. Alors il faut regarder les choses avec un esprit de synthèse.

Le procédé reste inchangé : pour mapper un dispositif digital, et par voie d’extension, toutes ses ramifications, vous devez cliquer laborieusement sur chaque lien de la navigation, puis explorer chacune des pages, l’une après l’autre, en lisant les contenus, en cliquant frénétiquement partout… C’est très long. Très pénible. Et rare sont ceux qui le font, parce que c’est effectivement relativement fastidieux (bien qu’on apprenne beaucoup de choses en cours de route). Bref vous l’aurez compris, si vous voulez faire quelque chose que les autres ne font pas, vous pouvez vous amuser à vous spécialiser en architecture de l’information et en mapping de contenus. C’est une niche dans laquelle personne ne veut aller, parce que c’est comme trier les déchets dans une décharge de déchets ultime. C’est pas marrant, mais l’avantage c’est que les vapeurs toxiques n’émanent que des fils d’or et de cuivre de votre ordinateur…

Après la prise de tête

Après avoir cliqué tout partout, vous êtes déjà plus proche d’un cyborg que d’un être humain. C’est normal. C’est la procédure.
A ce moment là, lorsque vous êtes proche de la rupture d’anévrisme, votre inconscient ayant bien compris que vous aviez mis un doigt dans un engrenage dangereux, il est alors temps de revenir à la réalité car à ce stade personne ne peut comprendre ce que vous venez de faire.

Vous devez « cartographier » le fruit de vos recherches dans un format qui puisse être visualisable par l’équipe projet… Votre famille et votre compagn(e)on…

Le mind-map, c’est bien joli, mais personne ne peut le décrypter. C’est un peu comme un codex de Léonard de Vinci. Réaliser une cartographie d’écosystème digital n’est pas un travail scientifique, « il n’y pas de format juste, il y a juste des formats ».
Soyez donc indulgents sur votre production (et les miennes) : le but poursuivi par la cartographie est d’illustrer une analyse voire de lui donner corps…

cartographie du dispositif - association des paralysés de france

Le point de départ de la cartographie, c’est la projection des contenus du dispositif maître (exemple ci-dessus), le site pivot, bref l’étoile principale. On s’intéresse à la galaxie ensuite. Faut pas tout compliquer tout de suite.
Il s’agit d’abord d’illustrer les grandes masses de contenus : on souhaite montrer quelles sont les parties les plus volumineuses du dispositif digital sur le plan éditorial.
C’est une vision uniquement quantitative certes, mais elle sera ensuite affinée par une analyse qualitative (quels sont les contenus, leur maillage, les principales fonctions…).

En gros, nous allons créer des bulles, pour chaque grande section éditoriale. Petite bulle, petite masse. Grande bulle, grande masse. Si vous avez bien fait votre travail dans le bunker, vous êtes capable de savoir combien de pages compose chaque section du dispositif (sinon vous pouvez utiliser la commande « site:www.lesite.com/dossier » depuis google, par exemple – mais cela n’indique que les pages référencées, c’est de « l’industriel », donc c’est d’la « m_ pour faire hommage à notre sympathique disparu JP COFFE).

L’analyse permettra ensuite de « diagnostiquer » précisément chacune des bulles. C’est de la médecine chinoise : on s’intéresse aux différentes parties du corps céleste (de l’étoile principale) pour identifier les symptômes et envisager les traitements, organe par organe, bulle par bulle…

Vous n’avez rien compris ? Oui, je comprends, c’est normal, c’est loin d’être clair…

Pour résumer, lorsque je fais une cartographie, je projette les sections de contenus sous forme de cercle, ensuite dans l’analyse, je décrypte chaque cercle autour d’une approche quantitative (taille, volume par rapport au reste), puis qualitative (pertinence…). C’est une approche inductive, du détail vers l’ensemble. Mais rien n’empêche de considérer ensuite l’ensemble (approche déductive) pour descendre vers la partie. On cherche à parler de structure et d’organisation. Tous les moyens pour y parvenir sont les bienvenues.

analyses - association des paralysés de france

Bla Bla

En procédant comme indiqué (cartographie des masses éditoriales principales, puis analyse de chacune des masses), on arrive à faire un bon diagnostic de l’ensemble. On veillera à injecter un peu d’ergonomie, de design d’interaction, d’architecture de l’information, dans nos considérations. Et on aura donc une approche bien plus globale qu’un audit d’ergonome en blouse blanche. Et oui, cette approche permet vraiment de travailler sur le plan stratégique et holistique (transdisciplinaire).

Bref, chemin faisant, il n’est bien sûr pas suffisant de consacrer les observations au seul dispositif maître. Il faut aussi cartographier l’écosystème et les sites satellites de la galaxie.

Vous pouvez donc « greffer » la cartographie de l’écosystème en prolongement de la cartographie du dispositif maître. Et vous pourrez alors consacrer un volet de vos analyses à l’écosystème.

cartographie apf.asso.fr - association des paralysés de france
cartographie d'écosystème  - association des paralysés de france
analyse grappe de sites - écosystème digital

Peu importe la cartographie, elle est un « moyen de communication » et non une fin. Pour iafactory, dans ce cas précis, elle va permettre de séquencer l’analyse en 2 temps : un premier temps consacré au site pivot, un second temps consacré à l’écosystème…

Après les analyses

Lorsque le dispositif est complexe, on arrive facilement à remplir des pages de rapport que personne ne lira jamais. Et puis pour votre présentation, de toute façon, vous n’arriverez pas à communiquer les détails de votre analyse : tout le monde s’en fout :). C’est triste mais c’est comme ça. Vous avez donc besoin d’un format plus « COOL » et visuel pour donner corps à vos analyses. Le diagnostic visuel est tout à fait à propos pour cela. Il résumé en quelques pictogrammes les syndromes observés.

Notre patient apprécie qu’on lui livre un diagnostic facile à comprendre.
Ce qu’il l’intéresse, c’est surtout de savoir comment guérir.

– « Monsieur Machin, on a fait une analyse… »
– « Le taux normal de l’hémoglobine chez l’homme est compris entre 13 et 18 g/100 m. » (ANALYSE)
– « Votre taux est de 50g/100m. »
– SILENCE
– « Vous avez TEL TRUC… » (DIAGNOSTIC)
– PAUSE
– « Vous allez devoir arrêter le sucre / l’alcool / la lecture… « . (PRÉCONISATION)

L’analyse, elle, ne fait qu’interpréter l’échantillon sanguin, au fond ce n’est pas important : seul le diagnostic et surtout la préconisation compte…
Donc :

– « Monsieur Bidule, on a fait une analyse de votre site ».
– SILENCE
– « Regardez la radiographie qui montre la structure squelettique de l’écosystème ».
– « Votre site compte 50 000 pages d’actu non archivées ».
– PAUSE
– « Monsieur Bidule, il faut proposer des filtres ».

Vous voyez la logique ?
Évident hein.
Le diagnostic permet d’introduire le traitement préconisé.
On ne peut pas faire de diagnostic sans une bonne analyse, mais l’analyse il ne faut pas trop en parler parce qu’en entreprise, vous devez faire simple. Même si c’est compliqué.
Tout cela est d’une banalité étouffante… Pourtant, je vous assure que la majorité des entreprises amenées à travailler sur ce genre de problématiques, « de ce que je peux en voir », ben, elles vous feront des recommandations, mais sans les analyses et le diagnostic (90% du temps :).

diagnostic d'écosystème digital
diagnostic - association des paralysés de france

Préconisations

Sur ces bases, on peu ensuite dérouler toutes nos préconisations.
Elles ne sortent pas du chapeau.
Elles reposent sur de solides analyses.
On peut les prioriser par ordre d’importance, tout simplement.
Et les étiqueter par voie d’extension :
– 1° choses à améliorer sur le plan de la galaxie de site
– 2° choses à améliorer sur le plan du site pivot

préconisations - association des paralysés de france

Cette approche de la rationalisation d’un écosystème digital procède donc de la dimension rationnelle complétée par la dimension intuitive. C’est de la rigueur artistique pour ainsi dire, et c’est bien ce qui fait l’essence de l’architecture de l’information. C’est déjà ce que disait l’ami gourou Peter Morville il y a 15 ans…

architecture de l'information - intuition et rigueur

Cet article est volontairement nébuleux.
Le projet évoqué étant récent, il n’était pas question de faire étalage du détail des tenants et des aboutissants de ce qui est à faire / pas faire pour l’écosystème de l’Association des Paralysés de France. Je souhaitais surtout rappeler et partager avec vous les difficultés de l’analyse d’écosystème digital. D’autant que s’il est compliqué de faire émerger la structure d’un écosystème, imaginez comme il est délicat de la faire évoluer. Ce sont de vastes chantiers qui s’étaleront sur plusieurs années… D’où l’importance de penser les choses de façon globale dès le départ, pour éviter le syndrome hérétique d’attribuer un site à une problématique : c’est comme ça qu’on se retrouve avec des écosystèmes multisites incompréhensibles, comme ceux des ministères et du gouvernement par exemple…

Rien de pire en matière d’expérience utilisateur, que de fragmenter la prise de parole et les services d’une organisation autour de 100 sites. C’est catastrophique sur tous les plans et principalement en matière d’ergonomie et de performance. Mais les spécialistes du référencement vous diront peut-être que recourir à un site spécifique pour traiter une problématique donnée ça permet « d’optimiser le positionnement sur une thématique ». Mais bon, ça c’est les guerres oiseuses entre experts, et de mon côté les guerres ne m’intéressent pas :), et en plus je ne suis pas un expert, mais un artisan.

Résumé de l’approche

Pour analyser un écosytème, tu y vas vraiment étape par étape :

– d’abord tu expliques ta méthode
– ensuite tu fais des recherches dans ton bunker
– après quoi, tu projettes le fonctionnement sous forme de cartographie
– tu analyses chaque bulle / item de cartographie
– tu consacres une partie des analyses au site pivot
– tu consacres une partie des analyses à la galaxie
– tu remplis des pages pour dire ce qui ne va pas
– tout le monde s’en fout de ce qui ne va pas, alors tu fais un diagnostic
– et ensuite tu expliques ce qu’il faudrait améliorer, c’est tout ce qui compte
– souvent tout le monde est d’accord :), parce que cette méthode est « soutenue »

Autrement, si tu te pointes sans le socle d’analyse et sans la cartographie, tu n’es pas crédible.
Pour autant, personne n’a que faire des analyses. Les agences digitales, je les aime bien, mais elles, elles vont directement aux recommandations, et parfois elles vous raconteront n’importe quoi. Parce que le check-up et le bilan de santé n’aura pas été fait… Pas toutes, mais beaucoup (trop).

Conclusion

Fuyez les écosystèmes !
Il sont la peste de l’internet.
Adaptés pour des UFOS mais pas pour MME MICHU.

Avez-vous vraiment besoin de 125 sites pour arriver à faire passer votre message et aboutir à vos fins sur le plan transactionnel ?
Si c’est le cas, pauvre de vous :).

Enlevez des choses.
C’est déjà ce que disait un architecte de l’information en 1947 : […] « Less is more » […]. Ludwig Mies van der Rohe.

Et sinon, toi, tu t’y prends comment pour analyser un écosystème digital ?

PS : la fiche illustrée des travaux réalisés pour l’Association des Paralysés de France

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